Réponse : Marie d’Herbais de Thun d’Avine
L’intervieweuse ingénue de Le Pen : une amie d’enfance de
Marine, issue de l’ultradroite
par Clément Guillou - Rue 89
Marie d’Herbais de Thun, quadra blonde, n’a pas moufté lorsque
Jean-Marie Le Pen a suggéré de « faire une fournée » avec Patrick Bruel. D’ailleurs,
sur son profil Facebook, elle est à fond derrière son « Président de cœur ».
« Rien de choquant dans les propos de Jean-Marie Le Pen. Faut maîtriser le Français les ploucs ! ! ! Avant de s’insurger ! ! ! ! ! ! [...]
C’est moi qui ai rajouté la question concernant le gars Bruel. J’avais su qu’il déclarait ne jamais aller se produire dans des villes FN. Pas eu le temps de prévenir mon Président avant l’enregistrement. »
En titillant Jean-Marie Le Pen sur Patrick Bruel, Marie d’Herbais
savait parfaitement quelle sorte de réponse elle pourrait obtenir.
D’abord parce qu’elle côtoie souvent le président d’honneur
du Front national, pour l’interviewer chaque semaine ou presque dans le cadre
du « Journal de bord » du patriarche.
Ensuite parce que, chez les d’Herbais de Thun d’Avine, on
est d’extrême droite en famille, et qu’on connaît bien les Le Pen.
Le service d’ordre du FN s’est entraîné dans le château de
famille.
Marie d’Herbais de Thun, petite main de la communication du
FN, est issue d’une longue lignée de la noblesse bretonne.
Son grand-père, Marcel Chereil de La Rivière, riche
industriel, figure monarchiste, fut candidat FN à plusieurs élections. L’une de
ses filles, Cendrine, est l’épouse de Jean-Marie Le Chevallier, l’ancien maire
de Toulon. Lorsque l’élection de Le Chevallier fut invalidée, Jean-Marie Le Pen
investit Cendrine, qui échoua de 33 voix lors d’une élection partielle. Elle
passait pour plus extrémiste encore que son mari.
La mère de Marie d’Herbais, Katherine d’Herbais, est une
autre fille de « tonton Marcel », comme on l’appelait dans les milieux d’extrême
droite. Elle fut conseillère régionale frontiste en Picardie et, avec son ex-mari
Pierre d’Herbais, compte parmi les principaux actionnaires du journal Minute.
Dans la propriété familiale de l’époque, l’imposant château
d’Alincourt, nul doute que Marie d’Herbais de Thun a dû assister à des saillies
antisémites plus explicites que celles de « la fournée », entre une chasse à courre
et un camp d’entraînement du service d’ordre du Front national (DPS, en 1992).
Frontiste, à l’entendre, depuis ses 11 ans (les adhésions au
FNJ commencent à 16 ans), elle a fait ses études, selon sa page Facebook, à l’institut
suisse du Rosey, qui accueille la jeunesse dorée d’Europe. Elle est ensuite
passée par l’Institut catholique de Paris. En 1992, à 20 ans, Marie d’Herbais
est déjà fiancée à Frédéric Châtillon. Ils ont eu six filles ensemble et sont
aujourd’hui fraîchement séparés.
Frédéric Châtillon, ancien leader du GUD et important
prestataire du Front national dont nous vous racontions récemment les pratiques
de mauvais payeur, est un proche d’Alain Soral et Dieudonné. Il est le
cofondateur du site soralien Egalité et réconciliation et organise des
manifestations de soutien à Bachar el-Assad. Lors d’une procédure visant à interdire
la sortie d’un livre, un ancien militant du GUD a attesté de son antisémitisme
viscéral, comme l’a raconté Médiapart.
Frédéric Châtillon et Marie d’Herbais ont en commun d’être, à
l’époque, de bons amis de Marine Le Pen, racontent Caroline Fourest et
Fiammetta Venner dans la biographie consacrée à la présidente du Front national.
Aux policiers : « Trous du cul ! »
En 2003, ils sont tous réunis dans un appartement du XVIe
arrondissement pour fêter l’anniversaire de Châtillon. La soirée est arrêtée
par la police, qui signale aux fêtards que leurs voisins n’arrivent pas à dormir.
La suite est racontée par Libération, à l’époque : selon le rapport des
policiers, Marie d’Herbais-Châtillon s’oppose à leur entrée dans l’appartement
au prétexte qu’ils n’ont pas de mandat, les traite de « trous du cul » et lance
:
« Il est plus
facile de s’en prendre à des bons Français plutôt qu’aux Bougnoules ! »
Sur Facebook : Poutine, Assad et Jean-Marie
Un tour sur ses différents profils Facebook permet de
constater la proximité idéologique entre Marie d’Herbais, ses parents et son
ancien mari.
Les messages de soutien au skinhead accusé d’avoir tué Clément
Méric reviennent régulièrement, en alternance avec des chants scouts,
royalistes ou de légionnaires. Son panthéon personnel voit Vladimir Poutine côtoyer
Bachar el-Assad et Jean-Marie Le Pen.
A Noël, devant le sapin, les enfants sont pris en photo en
train de faire une quenelle. On les retrouve plus loin, affublés d’un T-shirt «
Super quenelle » vendu par Dieudonné. Elle promeut aussi le film de l’ancien
humoriste, « L’Antisémite », ou salue le racialiste Kémi Séba parce qu’il « prônait
l’anti-mélange racial ».
Lorsque France 3 Pays de Loire l’avait interrogée sur la
publication d’une quenelle sur son profil Facebook, Marie d’Herbais avait
revendiqué un geste « contre le système ».
Sa « fanpage », quant à elle, porte une citation de l’ancien
gaulliste Alexandre Sanguinetti, par ailleurs Camelot du roi pendant la guerre
et co-fondateur du Service d’action civique.
« Marine Le Pen n’a aucun sens de l’amitié »
Récemment, cette amatrice d’opéra, peintre et chanteuse à ses
heures, est à son tour entrée dans le combat politique, sans vraiment réussir à
trouver de point de chute.
Elle était candidate aux législatives en Seine-et-Marne, en 2007,
puis dans la Sarthe, en 2012. Aux municipales, elle a obtenu l’investiture dans
le XIe arrondissement de Paris en 2008 mais n’a pu se présenter dans son
village de Savigny-L’Evêque (Sarthe) cette année, faute d’avoir trouvé suffisamment
de colistiers.
Si elle est connue dans le petit milieu de l’extrême droite
française, c’est surtout pour son rôle d’accoucheuse de la pensée lepéniste,
via ce « Journal de bord ». Une mission qui lui fut enlevée l’an dernier après
ce message désespéré publié sur son profil Facebook :
« Ne me Reconnais Plus en Tant que Natio(naliste, ndlr) au Front National... Marine Le Pen n’a Aucun sens de l’Amitié.... Serai Toujours là pour Jean Marie,,,Mais le Philipot de Merde,son Gaullisme,sa Connerie,l’Ambiance Atrôce qui règne là... [...]
Deux Immenses Amis m’ont Aidés lorsque j’ai été Abandonnée..Alain Vizier.Julien Sanchez. Mon Papa spirituel de Toujours,,,Jean Marie Le Pen. Paris ,les Copains ; les poufiasses m’on volé l’Unique Personne que j’aimerai Toujours dans ce Monde.. je vais attendre la fin de l’Année...Puis Partir ! »
Marie d’Herbais, peut-être sauvée par le fondateur du parti,
a finalement récupéré la présentation du « Journal de bord » deux mois plus
tard. Elle est restée au Front national et vient de se porter candidate pour
intégrer le Comité central, sorte de parlement du parti.
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NDLR : quel rapport avec La Garenne-Colombes ? Dire : aucun, serait mentir
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