Au nom de la «droite décomplexée», les durs demandent à Copé de tenir bon en s’accrochant à sa «légitimité» de «président proclamé».
La ligne jusqu’au-boutiste du «président proclamé» commence à gêner ses partisans modérés.
Par ALAIN AUFFRAY
Ne rien lâcher ? Ou accepter le principe d’un nouveau vote, contrôlé par une commission indépendante ? Deux lignes s’opposent dans le camp de Jean-François Copé. Au nom de la «droite décomplexée», les durs lui demandent de tenir bon en s’accrochant à sa «légitimité» de «président proclamé». Selon eux, il doit laisser les fillonistes partir se dissoudre dans le marais centriste.
A l’inverse, ses amis modérés le supplient de lâcher du lest. La scission leur est insupportable. Principal animateur de la sensibilité libérale dans l’équipe du député-maire de Meaux, Luc Chatel ne supporte plus le jusqu’au-boutisme de son ami Copé. Les deux hommes ont eu, cette semaine, une explication orageuse. Pour lui, comme pour Christian Jacob et de nombreux barons copéistes (Jean-Claude Gaudin ou Jean-Pierre Raffarin), la scission serait d’autant plus absurde qu’il se sent idéologiquement très proche de la plupart des fillonistes.
Partisans. Alors que la guerre ouverte tournait hier à la guerre de tranchées, le député-maire de Meaux semblait plus sensible aux arguments des tenants de la ligne dure, de ceux qui ont tout à perdre. Jérôme Lavrilleux, directeur de cabinet du président, et Michèle Tabarot, secrétaire générale de l’UMP, doivent tout à Jean-François Copé. Politiquement, ils survivraient difficilement à une remise en cause de l’élection du 18 novembre. Les plus ardents partisans de cette ligne se recrutent parmi les tenants de la ligne droitière, théorisée par Patrick Buisson, ancien conseiller du chef de l’Etat. «Jean-François Copé ne doit pas céder. Son score de 50% est une victoire, celle d’une droite qui s’assume et ne s’embarrasse plus du politiquement correct», explique un supporteur de «la Droite forte», motion arrivée en tête lors du scrutin du 18 novembre.
Au siège parisien de l’UMP, rue de Vaugirard, on indiquait hier que Copé et son équipe étaient «au travail». Le parti a bombardé les rédactions de communiqués sur «les vrais sujets» : prix de l’essence, sans-papiers, procréation médicalement assistée… Selon son entourage, Copé aurait «tourné la page» et préparerait une «tournée des fédérations» pour reconquérir les militants.
Mais il déjeunait hier avec Nicolas Sarkozy. Et la discussion n’a sûrement pas porté sur son agenda de nouveau président de l’UMP. Favorable à un nouveau vote, l’ancien chef de l’Etat est exaspéré par le blocage. Tout comme son porte-parole officieux, Brice Hortefeux, qui a eu des échanges houleux avec son ami Copé.
Proclamé vice-président de l’UMP, Luc Chatel ne désespère pas d’empêcher l’irréparable. Il a regretté que le député-maire de Meaux rejette la médiation Juppé dimanche. Il s’est mis en colère mercredi matin quand Jean-François Copé a fermé la porte à l’organisation d’un référendum, proposé par Nicolas Sarkozy. «Tu ne peux pas être le bad boy à chaque fois», a lancé Chatel à Copé. «Nous avons gagné, nous sommes légitimes, mais il faut sortir vivants de cette histoire», ajoute l’ancien ministre de l’Education. Il déconseille au «président proclamé» de l’UMP de parier sur l’épuisement de l’adversaire et d’attendre sans broncher la fin prochaine de l’orage.
Caution. Comme Christian Jacob, le patron des députés UMP légitimistes, Luc Chatel voit l’irréparable se profiler à l’Assemblée nationale. La scission est en marche : si rien ne se passe d’ici à mardi, la séparation sera effective dans l’hémicycle comme dans tous les domaines du travail parlementaire. Luc Chatel martèle qu’il ne peut pas «se résoudre à voir l’UMP disparaître». C’est aussi, sans doute, qu’il ne se voit pas en caution centriste du parti de la droite décomplexée.
Source :
Libération.fr
Ndlr : à la lecture des tweets et autre communiqué de presse du
copéiste Philippe Juvin il semblerait bien que notre maire se situe désormais et clairement du côté de la ligne dure de l'UMP, c'est à dire celle de Patrick Buisson, avec Nadine Morano et Rachida Dati. Pour notre part ce n'est évidement pas une surprise mais au contraire une confirmation de ce que nous avons toujours dit. On ne peut pas baptiser un collège du nom d'un écrivaillon maurrassien et d'extrême droite et se dire politiquement ailleurs qu'à la droite de la droite. Maintenant au moins, c'est clair pour nous les garennois.
"La vérité, c'est que tous, Fillon comme Juppé, veulent
déposer Copé et ça s'appelle un coup d'État..." indique l'eurodéputé
Philippe Juvin". Le 23 novembre 2012