samedi 23 avril 2022

Comment transformer une crise en opportunité politique ?

Présidentielles : le sens du timing du candidat Juvin...

 

Publié par Jeunes médecins (Août 2021)

Homme politique de droite – RPR, UMP puis LR (Les Républicains) – et PUPH en charge des urgences de l’Hôpital européen Georges-Pompidou, le Pr Philippe Juvin vient de se lancer dans la course à la présidence de la République française. Portrait d’un mandarin.

Comment transformer une crise en opportunité politique ? En surfant sur les défaillances d’un gouvernement qui a toujours un train de retard. Et dans ce domaine, le Pr Juvin est passé expert en la matière. Manque de masques, lits insuffisants en service de réanimation, saturation des urgences, personnel hospitalier épuisé, solitude des résidents en Ehpad… Philippe Juvin n’a eu de cesse de critiquer les défaillances du gouvernement dans la gestion de la crise de la Covid. Jusqu’à publier, au début de cette année, un essai -« Je ne tromperai jamais leur confiance »- qui dénonçait la « situation d’impréparation catastrophique » et « la faillite de l’Etat ».

L’opportunité de la Covid

Une crise certes mal gérée, mais que le chef des urgences de l'Hôpital européen Georges-Pompidou et maire LR de La Garenne-Colombes a su utiliser avec un sens certain de l’opportunisme. Tirant ses bords sur le retard constant de nos gouvernants et sur leur immobilisme, celui qui revendique sa double casquette d’élu et de médecin a ainsi préparé les esprits chagrins à accueillir l’homme providentiel, seul à même de sortir le pays de l’ornière Covid.

En répétant à l’envi qu’il « n’écoutait plus ce que dit le gouvernement sur la crise sanitaire, parce que selon eux, cela va toujours mieux et que nous sommes les meilleurs », le Pr Juvin a écrit un scénario dont il vient de nous livrer l’épilogue en forme de tremplin perso: l’annonce de sa candidature à l’élection présidentielle. Il s’est à son tour officiellement déclaré candidat à la mandature suprême, le 26 juillet dernier, après Xavier Bertrand et Valérie Pécresse. Une troisième candidature que le patron des urgences de l’Hôpital européen Georges-Pompidou justifie par la nécessité de « tout changer après la crise de la Covid ».

Cumul de mandats… et de fonctions

Car le Pr Juvin aime cumuler les fonctions. Quitte à être partout à la fois. Maire de La Garenne-Colombes depuis 2001, celui qui préside la Fédération des Hauts-de-Seine (92) des Républicains, depuis 2016, a également été conseiller général, puis vice-président des Hauts-de-Seine de 2004 à 2009, avant d’être élu député européen de 2014 à 2019 ; puis conseiller régional sur la liste de Valérie Pécresse en 2021.

Des mandats successifs qui suffisent à démontrer le sens politique du vice-président de l’établissement public d’aménagement de la Défense Seine Arche (EPADESA). Sarkozyste convaincu, Philippe Juvin a ainsi soutenu l’élection du fils de l’ancien président de la République, Jean Sarkozy, en 2009, à la présidence de l'établissement public d'aménagement du quartier d'affaires de La Défense (EPAD).

Un sens politique très versatile…

Lorsqu’il soutenait Jean-François Copé à la présidence de l’UMP, en 2012, Philippe Juvin critiquait vertement François Fillon… qu’il rejoindra toutefois à l’issue de la primaire des Républicains, en 2016, après avoir soutenu la candidature de Nicolas Sarkozy. Et pour finalement appeler à voter Emmanuel Macron.

Une faculté d’adaptation qui l’incite d’ailleurs aujourd'hui à ne pas critiquer Valérie Pécresse, « à l’origine du bon classement des universités françaises lorsqu’elle était ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche ». Un sens politique incontestable qui le pousse encore à déclarer qu’ « avec Xavier Bertrand à la Santé, nous n’aurions pas eu de pénurie » pendant la crise de la Covid.

… qui semble payer

En 2012, le Pr Juvin a été nommé chef des urgences de l’Hôpital européen Georges-Pompidou. Une nomination dénoncée par les syndicats de médecins hospitaliers et le Mouvement de défense de l'hôpital public qui avaient alors dénoncé « un favoritisme politique et le cumul des fonctions de Philippe Juvin au détriment de sa présence effective à l'hôpital. » 

NDLR : Ou comment transformer un acharnement personnel en "flop magistral". 
 

 

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire