Notre maire, s'épanchant dans la presse ... voilà ce qu'il tenait à nous faire savoir :
Pourquoi LR et l'UDI pourraient être rayés de la carte (et ce que je propose pour les sauver).
Si nous devenons une droite poussiéreuse, vieille, réac, incapable de saisir les aspirations de la société, En Marche nous remplacera.
Certains (
NDLR : dont lui-même) vont tenter de profiter de la défaite de la Droite et du
Centre à l'issue de ces législatives pour avancer des stratégies
personnelles, créer de nouveaux partis, régler leurs comptes. Parfois
ceux mêmes qui nous ont amené à l'abîme. Mais l'essentiel n'est pas là.
Nous
retiendrons de ces élections qu'un certain type d'action politique
archaïque est condamné. Si Les Républicains ne font pas leur bigbang dès
maintenant, ils risquent de disparaître définitivement.
Cette
possibilité catastrophique n'est pas une vue de l'esprit. Nous sommes
d'ailleurs déjà en train de disparaître. Selon un sondage BVA publié par
L'Obs, seuls 32% des Français considèrent que LR est un parti crédible
d'opposition. Pour nos compatriotes, l'opposition s'exprime désormais
dans le Front national et la France insoumise. Où est alors notre
utilité ? Comment récupérer une place légitime dans le débat politique
et incarner une Opposition nouvelle et moderne ?
Si
nous sommes incapables d'inventer une opposition moderne, intelligente,
qui soit à la fois intraitable avec le Gouvernement quand celui-ci gère
mal mais également capable de reconnaître ses mérites quand ils
existent, nous disparaîtrons.
Nous
pouvons aussi disparaître si nous apparaissons comme un parti de petites
combines. Ainsi, nous lancer dans une politique de ralliements à tout
prix au Gouvernement, y compris en acceptant le contraire de ce que nous
pensons, fait de nous des gens inconséquents et donc inutiles aux yeux
des Français. Quelle est la crédibilité d'un Bruno Le Maire quand il
accepte de mettre en œuvre une politique fiscale opposée à ce qu'il
défendait il y a encore quelques semaines? De telles aventures
personnelles peuvent nous faire disparaître.
Si
nous devenons une droite poussiéreuse, vieille, réac, incapable de
saisir les aspirations de la société, En Marche nous remplacera.
Si nous devenons une Droite
anti-européenne, incapable de comprendre que la France ne peut espérer
peser sur les affaires du monde que si elle est unie avec ses voisins,
le Front national nous remplacera.
Si
notre ligne économique devient celle du programme de François Fillon,
plus préoccupée par le retour aux grands équilibres que par les
fragilités humaines, nous trahirons nos valeurs de solidarité, et nous
disparaîtrons.
Si
LR ne change pas ses méthodes de travail, nous disparaîtrons. Si nous
continuons avec un parti centralisé et verrouillé, toujours dirigé par
les seuls mêmes, si nos modes de désignation des candidats n'évoluent
pas, si nous continuons à réinvestir automatiquement des candidats
sortants sans aucun critère de travail ni de talent, si nous continuons
avec le principe qu'un sortant qui ne se représente pas a le droit de
choisir discrétionnairement son successeur, telle une charge d'ancien
Régime, si nous ne trouvons pas un juste équilibre entre des candidats
sortants d'expérience et de nouveaux candidats, si nous ne fixons pas
des âges limites pour se présenter à une élection, si nous ne nous
ouvrons pas massivement à des élus qui viennent de la société civile,
nous serons submergés par l'aspiration au renouveau. D'autres que nous
attireront les nouveaux talents, et nous serons débordés par la vague de
dégagisme. Nous disparaîtrons.
Nous
ne devons plus être caricaturaux comme nous l'avons été. La caricature a
été atteinte avec le programme économique de François Fillon. Il
donnait de nous l'image d'un père fouettard prêt à sacrifier les plus
modestes pour retrouver de grands équilibres financiers.
Nous
devons redevenir le parti de l'entreprise ET de la justice sociale.
L'efficacité économique et les réformes doivent aller de pair avec un
soin porté aux fractures sociales. Ainsi, nous devons militer pour un
plafonnement plus limité et une dégressivité plus rapide des allocations
chômage. Mais nous devons refuser que les normes sociales soient
définies dans l'entreprise.
Nous
devons soutenir Emmanuel Macron dans sa lutte contre le terrorisme et
la délinquance. Mais nous devons dénoncer son projet liberticide et
cynique de banaliser les outils de l'état d'urgence et de mettre à
l'écart l'autorité judiciaire.
Nous
devons savoir applaudir le nouveau président quand il apporte un
souffle nouveau dans le monde politique. Mais nous devons être audibles
pour dénoncer ses déclarations choquantes. Sur les Comoriens, par
exemple, il n'y a eu que Cécile Duflot pour dire les choses : «Si
Sarkozy président avait prononcé cette phrase face caméra, le tollé
aurait été gigantesque». Et pendant ce temps, nous étions tous
collectivement inaudibles.
Nous devons accompagner la moralisation de la vie politique. Mais
nous devons dénoncer le double jeu du Gouvernement qui ne réagit pas
face à ses propres turpitudes.
Notre famille politique, des LR à
l'UDI, disparaîtra donc si elle ne sait pas profondément se réformer et
faire preuve d'intelligence.
Nous
devons être d'une exigence absolue envers nous-mêmes : nous devons
humblement retravailler le fond, créer des lieux de réflexion, débattre,
nous ouvrir aux idées nouvelles, ne pas tomber dans la facilité,
attirer les intelligents et nous séparer des paresseux et des fumistes,
ouvrir les yeux sur les réalités économiques, sociales et européennes,
ne pas céder à l'incantation, promouvoir de nouveaux visages et de
nouveaux talents, et en même temps rendre nos procédures plus
transparentes. Si nous sommes capables d'une telle révolution, nous
avons un avenir. Nous méritons de continuer à nous appuyer sur notre
riche réseau d'élus locaux et d'intelligences. Nous rebâtirons une
légitimité, un projet et une ambition. Alors, nous serons des opposants
crédibles et nous servirons la France.
Mais
si nous choisissons une autre voie, sans exigence, sans travail, sans
ouverture, systématiquement opposée ou systématiquement inféodée au
Gouvernement et à la Majorité, sans renouveau, sans capacité à
s'auto-analyser, les Français nous jugeront définitivement inaptes. Nous
livrerons la France à un Emmanuel Macron de plus en plus omnipotent,
sans limite ni contre-pouvoir, et à une Marine Le Pen qui attendra que
le fruit tombe. Et il ne restera rien de nous. Nous aurons trahi, failli
et disparu.
Avec
mes collègues LR qui croient en l'avenir, nous tirerons les vraies
leçons de notre naufrage. Et nous ne laisserons plus personne, et
surtout ceux qui nous ont fait perdre, nous empêcher de rebâtir une
opposition décomplexée moderne, européenne et sociale.
Lu ici :
NDLR : en cette période de canicule, Philippe Juvin est aussi le chef des urgences de l'hôpital Georges Pompidou.