La nomination de Philippe Juvin discutée au tribunal
Le Parisien d'aujourd'hui (14 /04/2012)
Illustration buzz |
Son absence avait valeur d’argument : hier matin, Philippe Juvin, le maire UMP de la Garennes-Colombes, ne s’est pas présenté à l’audience du tribunal administratif de Paris, qui examinait la validité de sa nomination par l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) à la tête des urgences de l’Hôpital européen Georges-Pompidou (HEGP), à Paris (XVe).
« Il s’excuse de ne pas être là, mais il assure en ce moment sa chefferie de service », a expliqué son avocat, François-Charles Bernard. Sourires dans les rangs. La possibilité, ou pas, pour Philippe Juvin d’exercer à temps plein ses nouvelles attributions se retrouve au cœur du débat qui l’oppose, jusque devant les tribunaux, à une partie de la communauté médicale parisienne.
La polémique est née cet hiver. Ancien patron des urgences de l’hôpital Beaujon à Clichy, Philippe Juvin était pressenti pour succéder au docteur Alain Davido à Georges-Pompidou en novembre 2012, au moment du départ à la retraite de ce dernier. Mais la procédure s’est accélérée. Il a été promu le 24 février. « Cela s’inscrit dans les réorganisations en pôles menées depuis 2011 à l’Assistance publique. Nous avons suivi une procédure très lourde », insiste l’avocate de l’HEGP.
« Il s’agissait avant tout de sécuriser la nomination du professeur Juvin (NDLR : avant l’élection présidentielle) », rétorque l’avocat d’Alain Davido. Il évoque « une nomination politique ». Outre ses fonctions médicales, Philippe Juvin est député européen et secrétaire national du parti présidentiel chargé des questions de santé. « Ce qui est en jeu ici, c’est la prévalence d’un intérêt particulier sur l’intérêt général. Personne ne peut croire que le professeur Juvin puisse occuper cinq ou six fonctions en même temps! » martèle William Bourdon, l’avocat du Syndicat des praticiens des hôpitaux publics (SPHP).
Et pendant ce temps-là… Selon plusieurs employés, Philippe Juvin a passé la journée d’hier dans les couloirs de l’hôpital Pompidou. « D’habitude, il vient environ deux heures par jour, chaque matin », glisse un observateur. Jeudi, Philippe Juvin a aussi présenté devant la commission médicale de l’établissement son « plan » pour réorganiser les urgences et palier les dysfonctionnements dénoncés par les représentants des usagers.
« Le travail mené par Philippe Juvin pour réduire les temps d’attente à l’hôpital Beaujon, entre 2005 et 2012, alors qu’il était déjà maire et vice-président du conseil général des Hauts-de-Seine, a été salué », rappelle son conseil, François-Charles Bernard. Mais, pour l’instant, point de fleurs ni de trophées à Pompidou. Et pas de plaque non plus. Les étiquettes de la chefferie de service sont toujours au nom d’Alain Davido, qui continue d’arpenter l’hôpital depuis son éviction. « Est-ce qu’il y a deux chefs ici? » s’interroge la juge. Les avocats ont jusqu’à jeudi pour fournir leurs réponses. Le délibéré sera rendu dans la foulée.
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Philippe Juvin, candidat de la rupture de la rupture...
«La rupture passe par de nouvelles têtes et surtout des députés européens qui se consacrent entièrement à leur mandat.»
Philippe Juvin, candidat aux élections européennes
Le Figaro 24 octobre 2008 (ici)