Chef des urgences de l’hôpital Pompidou, maire de La
Garenne-Colombes, habitué des chaînes d’info, Juvin trouve aussi le
temps d’être candidat à la candidature LR.
Dans sa profession de foi, consultable sur son compte Twitter, il dit de lui : « Je ne suis pas le plus connu, mais je suis celui qui vous comprend. » […] .
Philippe Juvin […] écrit un livre sur son engagement, intitulé « Je ne tromperai jamais leur confiance ». C’est beau, quoiqu’un rien présomptueux. […]
Pas connu, lui ? Il n’a pas mégoté sur les passages à la télé pendant
la crise de la Covid, sortant de l’hôpital la charlotte sur la tête, le
stéthoscope au cou, l’air concentré du type sur le pont ininterrompu et
l’urgence au fond des yeux. Pas un jour sans caméra.
Il a désormais laissé la blouse au bureau, pour endosser un costume
classique, car le chef du service des urgences de l’hôpital Pompidou est
désormais candidat à l’investiture des Républicains.
Il n’est pas favori, mais il se bat comme un beau diable. […] « Ils proposent toujours les mêmes vieilles recettes », « Je revitaliserai notre industrie, qu’ils ont bradée ». « Ils » ?
Les autres, ceux pour lesquels la politique est devenue une rente,
explique Juvin, qui traîne à droite depuis trente ans, encarté très
jeune au RPR, maire depuis vingt ans de La Garenne-Colombes
(Hauts-de-Seine), proche de Nicolas Sarkozy, dix ans député européen. […]
Sa spécialité politique, c’est la godille. Un coup à droite, un coup à gauche.
Exemple : « Chaque Français aura un toit pour s’abriter et un médecin pour se soigner. » Bravo, l’humaniste. Mais n’allez pas croire que je fasse la promotion de l’assistanat, tempère Juvin, qui précise : « J’aiderai d’abord ceux qui veulent s’en sortir, je ferai confiance à tous ceux qui se lèvent tôt. » Sarko, sors de ce corps. […]
Il ne veut pas diminuer le nombre de fonctionnaires, mais propose de reprendre le contrôle sur « une bureaucratie qui nous étouffe ». […] Avec lui s’imposera « la France des solutions », car « nous allons reprendre le contrôle d’un État à la dérive et inventer un nouveau modèle de prospérité ». Bon, il faudra un peu expliquer comment, mais c’est un magnifique début.
[…]
En 2012, sa nomination comme chef des urgences, très appuyée par
Sarko, avait fait des vagues. Des grincheux avaient protesté, des
syndicats s’étaient mobilisés, sous prétexte que Juvin était déjà à
l’époque maire et député européen. Comme si l’on ne pouvait pas tout
faire conjointement, c’est une question d’organisation, bande d’envieux !
La preuve ? Il a pris, en plus, la tête de la fédération LR des Hauts-de-Seine, en 2016.
Carrière soignée
Il doit beaucoup à la presse, qui apprécie ce bon client. Il aime
parler de lui, montre son appartement avec beaucoup de livres. Il aime
Aron, de Gaulle, Napoléon et les hussards, rend hommage à feu son pote
Devedjian avec une citation de Proust, prépare soigneusement ses piques
médiatiques.
[…]
Sa candidature fait un peu de buzz, il en profite. Il n’oublie pas
que Wauquiez l’a écarté de la liste des européennes en 2019, alors qu’il
en briguait la tête. Le souriant Juvin a évidemment une revanche à
prendre. Il est allé voir tous les autres candidats pour dealer le poste
de ministre de la Santé, comme l’a fait Ciotti pour celui de
l’Intérieur.
Je te soutiens, puis tu me nommes ministre, compris ?« Ils lui ont tous dit oui », rigole un sénateur LR. C’est qu’on ne peut rien refuser à un homme qui porte si bien la charlotte.
Anne-Sophie Mercier – – Le Canard Enchainé – 24/11/2021