Lire absolument l'article de Marianne du 15 avril 2022
par Jules Pecnard
Ces listes fantômes de futurs transfuges LR qui se baladent en Macronie ...
L'homme qui voudrait tant qu'on l'aime ...
Alors que les Républicains se remettent à peine de leur déroute
présidentielle, La République en marche et l’Élysée font circuler des
listes de potentiels ralliés. Pour les législatives, mais pas seulement…
« On hésite entre le gaz et la pendaison. » Chez Les Républicains et l’UDI, difficile de zieuter l’avenir avec optimisme. Depuis la déroute de Valérie Pécresse au premier tour de l’élection présidentielle, les ténors de la droite « se reniflent entre eux », raconte un stratège. « On dirait un chenil. »
Et pour cause : de nombreux LR renâclent à l’idée de refaire cinq
années d’opposition à Emmanuel Macron. Ce sont précisément ceux-là que
la majorité cible, afin de les amener à créer un nouveau sas de
« constructifs » à l’issue des prochaines législatives.
Il y a même une mystérieuse liste « de trente députés LR sortants »
qui circule actuellement en Macronie. Des personnalités de la frange
modérée de la droite qui envisageraient, tout en restant autonomes, de
voter la confiance au gouvernement et de soutenir certains projets de
loi. On y trouverait les noms de Guillaume Larrivé, Brigitte Kuster,
Robin Reda, Antoine Savignat, ou encore Damien Abad, actuel patron du
groupe LR à l’Assemblée nationale. Histoire de disculper le président du
parti, Christian Jacob, précisons que son nom n'y figurerait pas.
« On
est effectivement une trentaine à vouloir travailler de façon positive
dans l’intérêt du pays. Les autres sont très embêtés. Ils portent beau, disent vouloir ni Macron, ni Le Pen... mais à un moment, il faut faire un choix », se désole un parlementaire LR de la « liste » et qui souhaite, pour l’instant, taire son nom. « Comme
Abad, je ne le ferai que dans le cadre d’une démarche collective. Je
n’ai pas envie de finir comme un Bourgeois de Calais, la corde au cou. »
Quel rôle pour Sarkozy ?
Une macroniste bien informée s'amuse : « J’aimerais
savoir qui l’a montée, cette putain de liste ! Elle peut avoir été
alimentée par Gérald Darmanin, Bruno Le Maire, Thierry
Solère, voire Richard Ferrand. » Car derrière ces tentatives de
captage de LR Macron-compatibles se nichent d’autres ambitions : celles
des transfuges originels venus de la droite en 2017. Ils aimeraient
garder la main sur le butin. En particulier pour ne pas le laisser à
Édouard Philippe, dont le parti Horizons a été créé, justement, dans le
but d’accueillir de nouveaux LR ou UDI macronisés.
Par ailleurs, il faut voir quel rôle tiendra Nicolas Sarkozy dans cette tambouille.
L’ex-chef de l’État, qui a récemment appelé à soutenir activement son
successeur, a reçu à tour de bras des élus dans ses locaux parisiens du
77, rue de Miromesnil. « Qu’est-ce qu’il dit aux députés LR qui vont le voir ? J’en n’ai aucune idée », se désespère une parlementaire qui le connaît pourtant bien.
Il
y a aussi le cas de Philippe Juvin, député européen et ancien candidat
au congrès LR, qui a été investi par son parti dans la 3ème
circonscription des Hauts-de-Seine… mais qui a exprimé son intérêt pour
un « accord de gouvernement » avec Macron. Problème : les marcheurs ont une sortante dans ce fief, Christine Hennion. Sera-t-elle « débranchée » afin de faciliter l’élection de Juvin, alors qu’elle n’a pas de tâche particulière sur son bilan de députée ? « Dans ce genre de cas, typiquement, c’est le président qui tranchera *», nous indique-t-on chez LREM.
« Fébriles »
Le timing de cette grande transhumance de la droite libérale, dont Éric Woerth aura été l’un des premiers éclaireurs, n’est pas évident. À supposer que les fameux trente décident de faire la bascule après
les législatives, sous quelle étiquette se déclareront-ils à la
préfecture ? En sachant que de cette question découle le financement de
nos partis politiques. « Chez LR, ils sont taraudés par l’idée de
rester unis. Dès qu’ils ne sont plus ensemble, ils perdent leur force.
Les plus fébriles sont à l’Assemblée », juge un ponte centriste. « Dès le lendemain la présidentielle, ça devrait se préciser. On va entrer dans le vif. »
Inutile de dire que pour quelqu'un comme Damien Abad, vu son statut
actuel, le virage sera compliqué à négocier. D'où cette précision d'une
gradée de LREM : « S'il se rapproche de nous, c'est pour être ministre et pour rien d'autre. »
Au-delà du Parlement, d’autres noms d’élus circulent dans les sphères macronistes. « On
regarde qui a appelé à voter pour le “PR”. Ceux qui ne le font pas, on
ne discute pas avec eux. Avec ceux qui l’ont fait, on discute », nous dit-on pudiquement dans l’entourage présidentiel.
Parmi
ceux dont les ralliements sont pressentis, il y a des figures comme
Jean-François Copé ou Cristelle Morançais, patronne de la région des
Pays de la Loire et ex-porte-parole de campagne de Valérie Pécresse. Il y
a aussi Vincent Jeanbrun, maire de L'Haÿ-les-Roses et conseiller
régional d’Île-de-France, proche de Valérie Pécresse… et ancien soutien
de Bruno Le Maire à la primaire de 2016. Ou encore Alexandre Vincendet,
le maire de Rilleux-la-Pape, ex-soutien de Xavier Bertrand et, surtout,
patron de la fédération LR du Rhône et membre de l'exécutif du parti.
C’est dire si l’édifice risque de trembler sur sa base.
NDLR : * Dans ce genre de cas, typiquement, c’est le président qui tranchera.
MDR, cela fait deux ans que le merveilleux Pr Juvin bave sur Macron, Véran et le gouvernement actuel, matin, midi et soir sur tous les plateaux de télé. J'imagine le Président se marrer pendant des heures en découvrant cette requête stupide.
En tout cas le type, il ne manque pas d'air !